Elsa Charpentier

3rd Year, Art Education Major   

The Conscious Knowledge Sharer that I became ou Ce que vous voyez ce sont les pensées qu’un autre être humain a laissées sur terre 

En ce qui a trait à l’enseignement des arts, mon approche est à la fois axée sur l’étudiant(e) et sur ma propre présence en tant qu’artiste et enseignante. C’est une rencontre où le pouvoir est partagé. Je vois la classe comme un studio, un atelier, un salon où je suis la première responsable de l’accueil, du bien-être des participants. Dans cet espace, je m’emploie à stimuler la qualité des échanges sur une base d’autonomie et d’autogestion guidée dont l’accomplissement, que ce soit dans l’expérience partagée ou en ce qui a trait l’œuvre finale, est collectif. Je crois à l’art par projets, forme qui, selon mon expérience, stimule et soutient la créativité. J’aime présenter des connaissances historiques et contemporaines, trouver de nouvelles façons de faire, d’apprendre, de concevoir. La générosité stimule la générosité et les expériences d’art qui prennent place sur de pareilles bases sont, comme le révèle l’engagement des étudiant(e)s, lumineuses. Je suis diplômée du programme d’enseignement des arts dans la Communauté de l’Université Concordia, un laboratoire de recherche intellectuelle soutenu par une application théorico-pratique constante sur le terrain. J’ai pu mener une réflexion critique et constructive liée à l’enseignement, repenser les lieux communs, les structures en place et améliorer consciencieusement ma contribution intellectuelle et sociale en tant que penseur(e) et professeure/éducatrice des arts. Comme le rapporte Deborah Barnt (2008) qui cite Cajete (1994) ”Community arts, as a term and recognized field of practice, only came into currency in the latter part of the 20th century, but the process it refers to-the engagement of people in representing their collective identities, histories, and aspirations in multiple forms of expression-is as old as cave paintings and ritualistic chanting.” (p.351). En réalité, donc, tout enseignement advient dans la communauté. Afin d’établir la qualité de l’enseignement dans le domaine des arts, il est nécessaire d’établir un critère quant à ce que l’on recherche. La question de la nature de l’art doit donc être posée. Selon Gibb (2012) ”A work should be moving or exciting or disturbing-somehow emotive-or it fails as a piece of art.” (p.240). C’est là une des exigences délicates qu’il est permis de poser vis-à-vis de l’art, médium où chacun est libre d’exercer sa sensibilité particulière, sociale et culturelle. Cependant, comme le fait valoir Ian Heywood (2009) ”Freedom is not a term one often encounters in today’s artspeak” (p.197).Les tentatives de définition de l’Art à travers l’histoire de l’humanité depuis l’antiquité démontrent que singulier ou pluriel, l’Art (s) possède une nature indéfinissable, polymorphe, jamais sujette au consensus, ce qui en fait un sujet, voire même un objet, de liberté des plus complexe à aborder en matière d’enseignement. C’est cette complexité intrinsèque que j’ai décidé d’inclure ouvertement dans mon cheminement professionnel. Heywood (2009) écrit aussi que ”There is […] a strong […] sense of art practice as part of a search for somewhere else’, somewhere where I can be if not exactly myself at least in touch with what really interest me.” (pp.197-198). Un quelque part, un lieu, un moment, un état, un espace, un endroit où l’existence rencontre l’essence. En tant qu’enseignante en art dans la communauté, je considère, par conséquent, tout étudiant(e) comme quelqu’un qui apporte son bagage, où tout est bon, où rien n’est à jeter.

En tant qu’artiste-éducatrice, pour reprendre les paroles de Gibb (2012), j’aborde les étudiant(e)s ”en tant qu’égaux autant artistiquement qu’intellectuellement”(p.239)afin d’installer un contexte où l’énergie circule mieux, où l’apprenant(e)/participant(e) est mieux disposé(e) à exercer une présence et un pouvoir d’action positive, un lieu qui mène au Monde, comme le fait valoir le magnifique exemple du mouvement Room 13, présenté par Gibb (2012), (pp.237-244). Je conçois ainsi l’espace d’enseignement en tant que lieu de construction et de partage de connaissances où je questionne les besoins de l’étudiant(e) (needs-based inquiry).

Ma présence en tant qu’enseignante est multiple et variable. Que je tienne le rôle de guide, d’ambassadrice des arts, de mentore, de facilitatrice, de complice, en ce sens l’art, est un allié, un ingrédient au puissant pouvoir de transformation et ma mission est de permettre aux participants d’actualiser ce pouvoir créatif en eux. Comme pédagogue, pour paraphraser Paulo Freire (1982) tel que cité par Gibb (2012), je crois au rôle du dialogue en éducation dans la communauté. (p.241). Mon approche est holistique ce qui se traduit par la création d’un lieu de rencontre ouvert, que je délimite par une atmosphère physique et intellectuelle – de la musique, du thé ou de quoi s’hydrater, la possibilité de se déplacer dans la pièce, un lieu de travail mais aussi d’inspiration à la mesure des besoins de chacun(e). Mon rôle, est de créer un espace stimulant, engageant, créatif, avec l’accès au matériel nécessaire qui sert, au sens où l’entend Heywood (2009) ”the approach ‘making’, ‘to make arts” (p.195). Ainsi, lorsque, par exemple, je propose un projet de fabrication de zines, ou d’épinglettes d’art ou d’écriture d’haiku et de fabrication de papier marbré, j’apporte au studio une ample diversité de matériel, car la variété est à mon avis nécessaire pour que toutes les sensibilités artistiques puissent s’engager le plus entièrement et authentiquement possible. Il y aura de quoi imprimer, découper, coller, peindre, lire, contempler, réfléchir, des encres, des crayons de toutes sortes, des outils pour l’inspiration, pour stimuler la créativité, pour explorer, pour que l’apprentissage soit aussi naturel et adapté que possible. Tout est entrepris d’une manière ‘hands on’ et des notions indispensables techniques, intellectuelles et culturelles sont abordées de manière organique.


J’ajouterais que l’enseignement dispensé se doit d’être de la plus haute qualité. Je crois au moyen comme au résultat ainsi qu’à l’importance de matérialiser et de donner forme à l’abstrait. Je crois aussi à l’expression plastique et intellectuelle.


Selon Heywood (2009), la classe offre ”the presence of a [small] audience capable of enjoying and appreciating works [that many would dismiss or ignore]” (p.198).  Un lieu donc pour faire de l’art mais aussi pour ‘le mieux penser’ dans un contexte où chacun peut se réaliser et  partager le meilleur de soi, c’est-à-dire la singularité, l’authenticité, l’ouverture, le goût d’exister et de traduire cette pulsion vitale par un acte créatif, générateur d’idées dans un lieu de dialogue ouvert.


(Documentation photographique en appendice)


Bibliographie
Barndt, D. (2008). 29 Touching Minds and Hearts: Community Arts as Collaborative Research. In Handbook of the Arts in Qualitative Research: Perspectives, Methodologies, Examples, and Issues. (pp. 352-364). Thousand Oaks, CA: SAGE Publications, Inc. doi: http://dx.doi.org/10.4135/9781452226545.n29
Cajete, G. (1994). Seeing the voices of our heart. In G. Cajete, Look to the mountain: Art ecology of Indigenous eductation. Kyland, NC: Kivaki Press.
Freire, P. (1982). Pedagogy of the oppressed. New York: Continuum.
Gibb, C. (2012). Room 13: The Movement and International Network. The International Journal of Art & Design Education, 31(3), 237-244.
Heywood, I. (2009). Making and the teaching studio. Journal of Visual Art Practice, 8(3), 195-204.